La pandémie a exacerbé les tendances à l’œuvre : les enfants enregistrent de moins bonnes performances scolaires, sont plus souvent en surpoids et obèses, et sont globalement moins satisfaits de leur vie.
Florence/ New York/ Paris, le 14 mai 2025 – D’après une analyse publiée aujourd’hui par UNICEF Innocenti – le Centre mondial de la recherche et de la prospective de l’UNICEF, dans nombre de pays parmi les plus riches du monde, les enfants ont vu leurs résultats scolaires, leur bien-être mental et leur santé physique se dégrader de manière significative depuis le début de la pandémie de COVID-19.
Le document intitulé Report Card 19: Child Wellbeing in an Unpredictable World (Bilan 19 : Le bien-être de l’enfant dans un monde imprévisible) compare des données de 2018 et de 2022, offrant un éclairage sur les conséquences de la pandémie de COVID-19 et des confinements mondiaux sur les enfants de 43 pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et de l’Union européenne (UE). Depuis le dernier bilan comparable, publié il y a cinq ans, les Pays-Bas et le Danemark, suivi par la France, conservent leur position en tête du classement des pays où il fait bon grandir si l’on en croit les indicateurs relatifs au bien-être mental, à la santé physique et aux compétences.
La France se classe parmi les bons élèves
En se hissant à la troisième place du classement général, la France confirme les progrès réalisés ainsi que les efforts déployés ces dernières années pour améliorer le bien-être des enfants. Ce résultat reflète une performance relativement équilibrée dans les trois dimensions analysées – bien-être mental, santé physique et compétences – et place la France parmi les pays les mieux positionnés pour offrir un cadre de vie favorable aux enfants et aux adolescents.
Cependant, ce classement globalement positif ne doit pas masquer des signaux d’alerte préoccupants. La France est l’un des deux États, sur les 32 analysés, où le harcèlement fréquent chez les 15-19 ans a considérablement augmenté entre 2018 et 2022, et où, d’autre part, la satisfaction de vie des adolescents a chuté, passant de 80 % à 71 %. Dans ce contexte, UNICEF France lancera, à la fin de l’année 2025, la 7ème édition de sa Consultation Nationale auprès des enfants et des adolescents, centrée sur leur santé mentale. Cette enquête approfondira ces indicateurs préoccupants afin de mieux comprendre les besoins des enfants et de contribuer à la formulation de réponses adaptées.
Une crise mondiale de l’apprentissage
Toutefois, le rapport signale que de nombreux pays ont enregistré une nette détérioration des résultats scolaires des enfants depuis la pandémie, en particulier s’agissant des compétences fondamentales telles que la lecture et les mathématiques. Les écoles ayant fermé leurs portes pendant une période de 3 à 12 mois, beaucoup d’enfants ont dû suivre les cours à distance, ce qui a entraîné des déficits en matière d’apprentissage. D’après les estimations présentées, les enfants accusent un retard scolaire de 7 à 12 mois en moyenne par rapport au niveau attendu, avec un recul plus marqué pour les enfants issus de familles défavorisées.
« Avant la pandémie, les enfants étaient déjà aux prises avec des difficultés dans de multiples domaines, et ne bénéficiaient pas du soutien nécessaire, même dans les pays riches », explique Bo Viktor Nylund, Directeur d’UNICEF Innocenti. « Aujourd’hui, face à l’incertitude croissante qui pèse sur les économies, les pays doivent accorder la priorité à l’éducation, à la santé et au bien-être des enfants afin de leur garantir des perspectives et de veiller à leur épanouissement ainsi qu’à la sécurité économique de nos sociétés ».
Dans l’ensemble des 43 pays étudiés, on estime que huit millions de jeunes âgés de 15 ans – soit environ la moitié des adolescents appartenant à cette tranche d’âge – ne disposaient pas d’un niveau fonctionnel d’alphabétisation et de calcul. Autrement dit, ils n’étaient pas en mesure de comprendre un texte simple, une situation qui soulève des préoccupations quant à leur avenir, d’autant que ce chiffre représente une hausse de 4 % par rapport à 2018. Les proportions les plus élevées ont été observées en Bulgarie, en Colombie, au Costa Rica et à Chypre, où plus des deux tiers des enfants de 15 ans entraient dans cette catégorie.
La santé mentale et physique des jeunes : une préoccupation croissante
Le Bilan 19 fait également état de préoccupations dans le domaine de la santé mentale. Il souligne en effet que la proportion d’enfants satisfaits de leur vie a considérablement diminué dans 14 des 32 pays pour lesquels des données étaient disponibles. Le Japon est le seul pays à avoir enregistré une nette amélioration dans ce domaine.
Le rapport, qui poursuit avec une analyse des données relatives à la santé physique des jeunes, indique par ailleurs que le pourcentage d’enfants en surpoids a connu une augmentation importante dans 14 des 43 pays pour lesquels des données sont disponibles, un chiffre qui s’inscrit dans une tendance observée depuis plusieurs années.
La nécessité d’agir
D’une manière générale, l’analyse révèle que les pays à revenu élevé ont parfois des difficultés à offrir aux enfants les conditions d’une enfance épanouie et d’un avenir prometteur. Mettant en avant l’impact de la pandémie sur les enfants, elle alerte sur le fait que les progrès obtenus de haute lutte en matière de bien-être de l’enfant dans les pays riches sont de plus en plus menacés par les événements et les chocs mondiaux, notamment par les changements climatiques.
Aussi, pour lutter contre la détérioration du bien-être des enfants, le rapport appelle les gouvernements et les parties prenantes à agir dans plusieurs domaines stratégiques, notamment en :
- Soutenant le renforcement des compétences, en particulier des compétences en lecture, en écriture et en calcul mais aussi numériques, sociales et émotionnelles, surtout chez les enfants ayant pris du retard pendant la pandémie et issus de familles défavorisées ;
- Améliorant la santé mentale des enfants grâce à des actions de promotion et de prévention, en fournissant des services spécialisés et en luttant contre la violence et le harcèlement, en ligne et dans le monde réel ;
- Améliorant la santé physique des enfants en veillant à ce qu’ils aient accès à une alimentation nutritive et en limitant le marketing et la promotion des aliments mauvais pour la santé ;
- Établissant un dialogue avec les enfants afin de mieux comprendre leurs expériences et leur point de vue, et en œuvrant avec eux à la recherche de solutions pour améliorer leur bien-être.
« Au lendemain de la pandémie, les données dressent un tableau préoccupant du bien-être des enfants, en particulier de ceux issus de milieux défavorisés », conclut Bo Viktor Nylund. « Face à l’étendue des difficultés auxquelles sont confrontés les enfants, il est nécessaire de mettre en place une approche cohérente, globale, couvrant toute la période de l’enfance et qui réponde à leurs besoins à chaque étape de leur vie ».
Téléchargez le Bilan 19 (2025) et le Bilan 16 (2020).
Notes aux rédactions :
Le rapport intitulé Report Card 19 : Child Wellbeing in an Unpredictable World (Bilan 19 : Le bien-être de l’enfant dans un monde imprévisible) constitue une version révisée du Bilan 16, qui analysait le bien-être des enfants dans les pays de l’OCDE/de l’UE jusqu’en 2018. Le Bilan 19 brosse ainsi un tableau de la situation en 2022, alors que la pandémie arrivait à son terme. Il présente les données concernant trois grandes dimensions du bien-être de l’enfant : le bien-être mental, représenté par deux ensembles de données – celles concernant la satisfaction dans la vie issues de l’évaluation du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) 2022 de l’OCDE et celles sur le suicide des adolescents tirées de la base de données de l’OMS sur la mortalité ; la santé physique, également définie par deux ensembles de données, à savoir celles sur la mortalité infanto-juvénile fournies par le Groupe interorganisations pour l’estimation de la mortalité juvénile et celles sur le surpoids et l’obésité publiées par NCD-RisC ; et les compétences, pour lesquelles le rapport s’appuie sur les données relatives à la réussite scolaire et aux compétences sociales, soit deux séries de données issues de l’enquête PISA 2022 de l’OCDE.